Biodiversité de la côte Est de La Réunion

SUB_1209_277L’île de la Réunion est un gigantesque cône volcanique sous-marin et il est important de garder cette image en tête quand on observe la faune et la flore sous-marines, particulièrement celles de la côte Est. En effet, le basalte y est encore majoritairement à nu et s’y découpe en un relief varié de falaises, appelés tombants, d’éboulis, de vallées et de courtes plaine. Percé de grottes et de trous de toutes tailles qui sont autant de lieux de vie pour de nombreuses espèces, ce substrat a permis et le développement d’une chaîne alimentaire tropicale typique, au fil des siècles, malgré l’absence de barrière corallienne.

Les coulées de lave successives ont été rapidement colonisées par des coraux et des algues, puis des crustacés qui profitent des abris, des poissons et des prédateurs pélagiques. Ce fut aussi le cas des blocs de béton constituant la digue du port construit en 2002, qui sont maintenant couverts de petits coraux et habités par de nombreuses espèces, langoustes, bancs de chirurgiens, de calamars, etc.

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Pour autant, le plateau continental, zone la plus propice à la vie est très court et la profondeur augmente très rapidement. Passé la première cinquantaine de mètres, la vie se raréfie, notamment du fait du manque de lumière. Et la Nature peut aussi reprendre ce qu’elle a offert. Ainsi, la magnifique zone couverte de multiples coraux de l’Anse des Cascades a été littéralement brûlée par le courant chaud issu de la grande éruption de 2007 et ne renaît que très partiellement.

D’autre part, le littoral est soumis à rude épreuve par les précipitations et les événements climatiques, dont les cyclones qui ravagent autant les fonds marins que les terres par l’action de la houle, les ruissellements d’eau boueuse et les innombrables déchets qui étouffent les coraux.

Dans ces conditions, la vie se développe difficilement et les études ont montré que les poissons sont moins nombreux et moins gros que dans les autres régions de l’île, malgré une biodiversité plus abondante. Ainsi, le bureau d’étude PARETO inventoriait en 2008-2010 plus de 250 espèces de poissons, avec une majorité de très petites espèces. Une autre étude européenne de 2011 a confirmé la diminution voire la disparition de certaines espèces côtières, telles les langoustes, les perroquets et autres mérous.

2013_05_11_039Le déficit de poissons de grande taille s’explique par un milieu pauvre en ressource alimentaire, la croissance lente de ces espèces et une pression excessive de la pêche depuis de nombreuses années. Les premières traces de pêche datent en effet de 1790, avec la mention d’un « quai des Roses » devenu Marine au fil du peuplement.

Ces dernières années, conscient de ce problème, les pêcheurs professionnels locaux ont impulsé la création de la réserve intégrale de pêche qui est effective depuis fin 2010 et dont trois grandes balises jaunes matérialisent les limites qui s’étendent de la Rivière de l’Est à la Pointe Corail. Dans cette zone protégée, seule la pêche à la gaulette sans moulinet est permise.

Au large de la réserve, les poissons pélagiques comme les thons, les espadons et les petits requins sont régulièrement présents, comme tout autour de l’île et font le profit des pêcheurs de la commune.

Même s’il est rude, le milieu semble tout de même particulièrement favorable à certaines espèces que l’on observe couramment et qui apprécient les multiples cachettes et anfractuosités qu’offrent les roches, telles les zourites ou les murènes. L’antennaire, appelé aussi « poisson- crapaud », trouve également ses proies dans ces reliefs accidentés. A contrario, l’activité des baleines est moins observée que dans l’Ouest de l’île et elles ne font vraisemblablement que passer.

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Le développement d’une prise de conscience écologique des usagers de la mer et, au delà, de tous les habitants de la Réunion, porte ses premiers fruits avec le constat d’une augmentation du nombre de poissons et de leur taille, notamment dans la réserve, pourtant récente. Un autre signe positif est le retour en nombre des tortues imbriquées, qui font la joie des amoureux de la mer.

A nous tous de préserver ce milieu marin si fragile mais si riche, par des actions simples à mettre en œuvre :

  • –  Ne pas jeter ses déchets dans la nature, quels qu’ils soient et pratiquer le tri sélectif.
  • –  Pour pêcher, préférer les fils textiles aux fils synthétiques et limiter l’usage des plombs et autres lests polluants.
  • –  Privilégier l’achat des produits de la mer auprès de pêcheurs professionnels et non de braconniers destructeurs du milieu.

 

 

Thierry CAILLEUX & Nicolas NOËL Photos des auteurs